En clair: Sécurité à l'aéroport

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Qu’il s’agisse de lutter contre le trafic d’êtres humains, d’intercepter les mules transportant de la drogue, de détecter les taxis clandestins ou de contrôler les parkings et navettes des alentours, l’action du parquet est aussi multiple qu’importante dans et autour de l’aéroport de Charleroi.

Quelque 8.200.000 passagers en 2022, quasi 9.400.000 l’année dernière : l’aéroport de Charleroi (Brussels South Charleroi Airport, dans le jargon) ne cesse de voir croître sa fréquentation. « C’est devenu une ville dans la ville, avec les problématiques que cela suppose, résume le procureur du Roi Vincent Fiasse. Même si son unique piste de 3.200 m de long ne sert normalement pas entre 23 h et 6 h 30, il y a en permanence du monde. Le nombre de personnes qui passent par BSCA est assez phénoménal. »

Pour sécuriser les lieux, ils sont 184 agents de la LPA (Luchthaven politie / Police aéronautique), une composante de la police fédérale. Avec de nombreuses missions à remplir telles qu’assurer la sécurité des personnes, les contrôles de frontière, les vérifications judiciaires qui peuvent être demandées...

« Il y a notamment toutes les personnes signalées qui, si elles font l’objet d’un contrôle, sont interpelées et auditionnées par la LPA, précise Vincent Fiasse. C’est une charge de travail importante, d’autant plus avec les mandats d’arrêt européens et les demandes d’extradition. »

Lutter contre le trafic d’êtres humains

Le parquet, lui aussi, accorde une attention de tous les instants à l’endroit. Et même si les mois de juillet et août sont traditionnellement les plus chargés à BSCA, c’est toute l’année que le ministère public scrute les allées et venues dans et hors de l’aéroport.

La lutte contre le trafic d’êtres humains constitue une des priorités du parquet. « Charleroi est l’une des voies d’entrée en Belgique et, par extension, dans l’Union européenne, note Vincent Henry, substitut du procureur du Roi et magistrat de référence de cette thématique. L’aéroport demeure donc le premier intervenant pour débusquer les gens en situation illégale mais aussi les organisations criminelles qui profitent d’eux. »

Comment sont-ils repérés ? L’utilisation de faux documents va, par exemple, attirer l’attention lors des contrôles de frontière. Le moindre doute et les services vérifient l’authenticité des papiers ainsi que si les porteurs sont seuls ou accompagnés. Le phénomène étant interétatique, les échanges de données et de renseignements entre Etats sont quotidiens et constants.

« La difficulté est de parvenir à agir rapidement, dans un délai d’une heure et demie à deux heures maximum, explique Vincent Henry. Précisons que nos cibles ne sont pas tant les migrants (généralement en provenance de Grèce ou d’Italie et cherchant à rallier l’Angleterre) que les chaperons qui les accompagnent et les organisations qui sont derrière ces voyages. A titre d’illustration, dix personnes ont déjà été mises sous mandat d’arrêt pour trafic d’êtres humains durant le premier semestre de 2024. »

Une procédure qui devrait être facilité à court terme : au moment d’écrire ces quelques lignes, douze e-gates étaient annoncés. Ces portails permettront en effet un contrôle automatisé des passeports où, en cas de besoin, les forces de police reprendront la main.

Des mules qui risquent leur vie

Les stupéfiants figurent également sur la « to do list » du parquet de Charleroi. « Les drogues peuvent transiter dans les bagages... ou dans les individus, résume Vincent Fiasse. Ces mules, comme on les nomme, ingèrent des quantités importantes de drogues (je me souviens d’un cas où la personne avait ingéré environ nonante petits paquets) et tentent ainsi de passer outre les contrôles avec, le plus souvent, de la cocaïne. Le cannabis ne débarque pas tant de cette manière en Belgique. » Certaines mules y parviennent, d’autres sont interceptées. Sans parler des porteurs qui pourraient faire un malaise voire une overdose parce qu’un sachet aurait explosé dans leur estomac.

L’objectif est alors, là aussi, de remonter les filières au maximum. Les contacts avec les autres pays sont, à ce titre, primordiaux. « A l’époque où Air Belgium décollait de Charleroi et proposait des vols vers les Antilles françaises, nous avons

pu stopper nombre de trafics de stupéfiants, complète le procureur du Roi. Nos efforts avaient alors payé. »

Détecter les taxis clandestins

A l’extérieur, le parquet est également à pied d’œuvre. S’il y a évidemment la sécurité dans les parkings et la prévention des vols de et dans les voitures (tâches « classiques » de la police), le ministère public a également dans le viseur et de manière spécifique à BSCA les taxis, les parkings situés hors du site de l’aéroport et les navettes inhérentes.

A la manœuvre, Amélie Di Vincenzo, première substitut du procureur du Roi de Charleroi et magistrate au sein de la section économique et financière, détaille les dispositifs mis en place en matière de taxis.

« Six à douze fois par an, nous menons avec la LPA mais aussi les agents du SPW (Service public de Wallonie) Mobilité et des inspecteurs sociaux des opérations de contrôles des taxis qui passent sur et près du site de BSCA, explique-t-elle. Nous vérifions que tout le monde respecte bien la législation en vigueur. Il peut s’agir de l’âge des véhicules (maximum sept ans), des sélections médicales pour les chauffeurs, etc. »

Ce qui permet parfois de détecter des taxis clandestins, qui ne disposent pas des autorisations idoines, d’une inscription à la Banque Carrefour des Entreprises, des assurances... L’activité n’étant pas déclarée, ces taxis peuvent s’avérer meilleur marché mais ne présentent pas les mêmes garanties de qualité pour les utilisateurs. Un travail frauduleux qui crée subséquemment une concurrence déloyale à l’égard des taxis réguliers.

« Lorsque nous tombons sur ce type de contrevenant, nous saisissons directement le véhicule ; cela arrive assez régulièrement d’ailleurs, ajoute Amélie Di Vincenzo. La première fois, nous lui proposons une transaction pénale. En cas de récidive, c’est la citation devant le tribunal correctionnel. Ce n’est, par contre, pas toujours simple car les chauffeurs se passent vite le mot : quand il y en a qui voit ou subit le contrôle, il prévient vite les autres. »

A noter que les sociétés officielles ne sont pas forcément toujours en règle, elles non plus. Certaines emploient parfois des chauffeurs qui roulent davantage d’heures que ce qui est officiellement permis. Il peut aussi arriver que le véhicule contrôlé ne figure pas dans la liste des voitures autorisées pour l’activité de taxi. A charge, alors, pour le fonctionnaire sanctionnateur de la Région wallonne de prendre les sanctions administratives adéquates.

« Notre avantage, c’est que nous pouvons exploiter les images des caméras ANPR de BSCA », précise la magistrate de référence. Il est donc possible de vérifier combien de fois mais aussi sur quel laps de temps les contrevenants ont agi dans l’illégalité, même si certains n’hésitent pas à partiellement masquer les plaques d’immatriculation en transformant un « 8 » en « 3 », par exemple.

Navettes spéciales

« Pour ce qui est des parkings et des navettes, c’est une autre problématique, complète Amélie Di Vincenzo. Il y a notamment celle du commerce sans autorisation. Je pense, là, aux propriétaires terriens des environs de l’aéroport qui mettent leur terrain à disposition et font payer les utilisateurs de ces parkings non-déclarés, parfois pour le simple fait de se garer dessus, parfois en proposant une navette de liaison avec BSCA. »

Le non-respect de la législation urbanistique est parallèlement aussi constaté parfois. Une modification du relief du sol (par l’ajout de gravier sur un lopin pour en stabiliser le revêtement, par exemple) ou l’installation d’une grande enseigne avertissant de l’existence d’un parking ? Autant d’infractions dès lors qu’un permis n’a pas été demandé (et obtenu).

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