Secrétaire au parquet de Marche-en-Famenne, Hélène Grégoire est également capitaine de son équipe de volley-ball. Deux rôles qu’elle apprécie. Deux fonctions différentes avec toutefois une similitude car Hélène travaille comme elle joue : en équipe !
Un jeudi soir comme un autre, au hall omnisport d’Erezée (province de Luxembourg). Alors qu’une musique tonitruante rythme le cours de bodystep dans la cafétaria, la deuxième équipe féminine du club de volley-ball local termine son entrainement sous les yeux d’Hélène Grégoire, présidente du VBC, capitaine de l’équipe première… et secrétaire au sein du parquet de Marche-en-Famenne.

« Le parquet, j’y suis arrivée le 1er octobre 2016, au service Notices, se souvient-elle. A l’origine, c’était pour trois mois. J’avais vingt ans. Comme la fonction me plaisait, j’ai passé les examens du Selor, ait été prolongée en janvier puis nommée le 21 décembre 2017 en tant qu’assistante au service Citations. Plus tard, sentant que j’avais besoin de davantage de défis et de responsabilités, j’ai postulé pour la fonction de secrétaire… que je suis devenue le 5 octobre 2022. »
La sympathique citoyenne d’Hotton s’occupe désormais de la section Etat-civil et coopération internationale. « Dans ce registre, nous travaillons avec les dossiers passifs, c’est-à-dire les dossiers que l’étranger nous envoie, précise Hélène. Il peut s’agir d’un mandat d’arrêt européen, d’une décision d’enquête émanant d’un autre pays où l’on nous demande d’auditionner quelqu’un dans le cadre d’un dossier particulier, d’une téléphonie… Sans oublier les notifications quand un jugement a été rendu à l’étranger et que celui-ci doit être notifiée à la personne qui est en Belgique, cela passe par chez nous. »
L’occasion notamment pour Hélène de sortir de Marche-en-Famenne, par exemple le temps d’une formation à Lublin, en Pologne : « Un week-end à Lublin où, avec une collègue, nous avons rencontré de nombreux acteurs étrangers tels que des magistrats de liaison, du personnel administratif, des greffiers, etc. Il fallait être bien accrochées car l’anglais judiciaire est bien différent de celui de mon Erasmus. Mais très intéressant car nous avons eu des contacts avec des gens à l’étranger, tant de la magistrature que du secteur administratif. »
Une secrétaire qui travaille aussi en parallèle pour un magistrat dans des matières spécifiques et assure les suites des décisions de la chambre du conseil de Marche… tout en assumant la gestion de son équipe. « Devoir faire preuve d’autorité, ce n’est pas toujours évident, concède-t-elle. Il faut savoir parler avec les gens, avoir la confiance, trouver les bons mots… Sans oublier que lorsqu’on est secrétaire, on reçoit de nombreuses visites, tout le monde vient vers vous pour diverses questions. Mais on est là pour ça. »
Le job est, il est vrai, diversifié. « Ce qui me permet de toucher à de nombreux domaines, des mariages blancs et gris jusqu’aux successions vacantes en passant par les reconnaissances frauduleuses…, sourit-elle. On travaille avec tellement de programmes que je n’ai pas le temps de m’ennuyer, il y a toujours quelque chose à vérifier, à rechercher… et ça me plait ! Un poste qui nécessite quand même de l’attention et des formations régulières. »
L’humilité est, ici, de mise : « Il y a toujours des choses que l’on ignore, des recherches à effectuer, des passages de la loi à vérifier… Pas de monotonie, donc, mais une formation continuelle. ».

Ses études de management-assistante à Liège n’étaient pas directement vouées à voir Hélène travailler dans le milieu judiciaire. « Elles m’ont permis cependant de toucher un peu à tout : j’ai eu de la comptabilité, du droit, des langues…, explique-t-elle. A l’époque, je ne savais pas quoi faire, comme métier. C’est sûr que la fonction de secrétaire, je l’avais dans un coin de la tête. Tout ce qui est administratif, j’aime bien… Ces études m’ont finalement beaucoup appris, donné l’occasion de partir en Erasmus, de faire un stage à l’étranger… Après, j’ai eu la possibilité d’aller travailler au parquet… et je l’ai saisie. »
Un aveu en passant : l’intéressée ne savait pas vraiment où elle débutait sa carrière professionnelle. « J’ignorais alors ce que c’était le parquet, avoue-t-elle. Je voyais parfois le procureur du Roi à la télévision et ne savais pas en quoi consistait vraiment le ministère public. Après, on me l’a expliqué clairement et j’ai également appris sur le tas. Maintenant, je suis évidemment capable de répondre quand on me demande (souvent) ce que je fais et en quoi consiste le parquet. Mais je pense qu’une bonne partie de la population ne sait pas vraiment ce qu’on y fait concrètement. »
Et plus tard ? Une ambition particulière ? Hélène confie ambitionner la fonction de greffier d’instruction. Sans urgence, d’ici dix ans, quinze ans peut-être…
Les minutes passent et les coéquipières d’Hélène Grégoire arrivent les unes après les autres. Celles de la première heure et les autres, qui ont rejoint l’aventure au fil du temps. Le plaisir de se retrouver est manifeste et les plaisanteries nombreuses, quasi toutes en direction de « Roger », comme est surnommée Hélène. « Lorsque nous avons commencé le volley, j’étais la fille qui frappait la balle plus fort, comme un homme, se rappelle-t-elle. Les autres m’ont donc surnommée Roger. Et c’est resté. »
Les débuts au volley, ils datent de 2012. « Nous étions quelques copines qui cherchaient un sport d’équipe, explique l’attaquante (et passeuse occasionnelle). Ca a duré deux ans. Nous avons repris ce sport en 2018 et, un an plus tard, à la faillite du club (qui était alors géré par d’autres personnes), nous avons décidé d’en créer un nouveau, en repartant de zéro. »

Il a donc fallu un peu travailler pour trouver des sponsors, disposer du matériel adéquat, dénicher des coachs, apprendre comment fonctionne une telle structure, créer de nouveaux équipements, tenir des réunions avec la fédération, gérer les conflits internes… Une aventure qui, aujourd’hui, connaît toujours son petit succès.
« Nous comptons actuellement une quarantaine d’affiliés répartis dans trois équipes, dont une de garçons, note Hélène, par ailleurs capitaine. Je pense que nous pouvons être fières du résultat. Sportivement, nous avons connu des montées et des descentes (nous sommes actuellement en Provinciale 2 mais l’objectif est de remonter l’année prochaine). Administrativement, nous avons réussi à faire tourner le club, à le gérer malgré les difficultés, les maladies, les naissances…. »
Les naissances ? Normal avec un noyau dur composé de copines dans la fleur de l’âge ! A commencer par Alba, née en février dernier. « Sa première sortie, elle l’a effectuée à trois semaines lors d’un match de volley, note sa maman. Elle dispose déjà de sa tenue personnalisée. C’est la coutume : à chaque naissance, le club prévoit un petit survêtement noir et jaune floqué du numéro de joueuse de la maman et du prénom de l’enfant. Alba est la cinquième et sans doute pas la dernière. Notre espoir : que nos enfants puissent un jour incarner la relève au sein de l’équipe. »
Le papa d’Alba n’est pas n’importe qui. Hélène l’a rencontré au parquet, où il était et est toujours actif. Ce n’est, du reste, pas l’unique couple qui se soit formé au sein du ministère public de Marche-en-Famenne. Il faut dire que l’ambiance y est excellente. « Nous nous entendons toutes et tous bien, constate la secrétaire-attaquante. Nous mangeons régulièrement ensemble, participons une fois par an à un teambuilding… » L’importance de l’équipe au boulot comme sur le terrain.
19 h 30. L’entraînement de l’équipe d’Hélène peut débuter. Les visages sont prêt à rougir et les joueuses à suer avec le sourire. Sur le terrain, à peine entrecoupée par les instructions du coach ou les soupirs inhérents aux exercices effectués, la bonne entente demeure palpable.
« J’ai pratiqué plusieurs sports individuels mais je préfère les disciplines collectives où on s’encourage mutuellement, où l’on se sent soutenue par les autres…, conclut Hélène. Et puis, après les entrainements et les matchs, les buvettes sont plus sympas en groupe qu’en individuel. »