Communiqué de presse - Sans moyens supplémentaires pour la police judiciaire fédérale, notre pays risque de perdre la lutte contre la criminalité organisée.
Le Collège des procureurs généraux demande d’élaborer en extrême urgence un « plan Marshall » pour la police judiciaire fédérale. Tout le monde s’accorde à dire qu’« un besoin urgent d’un plan de crise sur mesure se fait ressentir, car nous risquons de perdre la lutte contre la criminalité organisée ».
Le ministère public est chargé d'assurer le maintien de l’État de droit démocratique et de défendre l’intérêt général. Il apporte, dans un délai acceptable, une réaction proportionnelle et socialement pertinente à chaque infraction constatée. L’intérêt des victimes est pris en considération à cet égard.
Voilà notre mission, mais elle est mise en péril.
La police judiciaire fédérale (PJF) fait face à un manque criant d’enquêteurs spécialisés et de moyens matériels pour exécuter les missions du ministère public et des juges d’instruction. Les enquêtes ne peuvent pas être menées, ou ne peuvent pas l’être assez rapidement ni efficacement. Cela fait longtemps que l’on ne dispose plus d’un aperçu actuel, complet et de qualité des différentes formes de criminalité organisée et de terrorisme. Nous sommes confrontés à des faits criminels sans précédent d’une extrême violence.
Afin de pallier cette situation dramatique, une injection budgétaire importante dans la police judiciaire fédérale est absolument nécessaire.
Le ministère public a déjà tiré la sonnette d’alarme plusieurs fois par le passé. Bien que le ministre de la Justice y soit attentif, aucun résultat concret ou significatif notable n’a pour le moment été constaté au niveau du gouvernement. Les défis qui se présentent actuellement et pour l’avenir dans notre pays sont pourtant immenses.
Dans un courrier récent, le Collège des procureurs généraux a demandé à être entendu devant les commissions réunies de l’Intérieur et de la Justice du parlement pour étayer le cri de détresse de la police judiciaire fédérale.
Il s’agit d’une demande exceptionnelle émise par les dirigeants du ministère public, ce qui prouve la gravité et l’importance de la situation. Tant mercredi passé qu’aujourd’hui, le ministère public ainsi que le directeur général de la police judiciaire fédérale et le commissaire général ont été entendus par les commissions.
Le message est clair. Nous luttons tous les jours contre la criminalité organisée, par exemple dans le dossier SKY ECC. Dans ce dossier, nous disposons d’une quantité d’informations sans précédent nous permettant de frapper un grand coup contre la criminalité organisée et d’éviter qu’elle bouscule l’économie légale. Cependant, cela ne peut se faire sans (un nombre suffisant d’)enquêteurs et sans moyens.
Nous risquons donc de perdre ce combat. Nous devons faire des choix sans précédent concernant les enquêtes que nous pouvons encore lancer, ce qui est irresponsable et porte atteinte à la stabilité, à la sécurité et à la sûreté dans le pays. La criminalité organisée s’infiltre progressivement dans notre tissu socio-économique et dans nos institutions sociales.
Il faut renverser la vapeur. La sécurité n’est pas gratuite. Pour ce faire, un plan de crise sur mesure est proposé, lequel comprend une injection financière supplémentaire pour la police judiciaire fédérale de 35 millions d’euros cette année, de 42 millions d’euros en 2023, de 44 millions d’euros en 2024, de 51 millions d’euros en 2025 et, enfin, de 55 millions d’euros en 2026.
Ces injections permettent, déjà au cours de la première année, d’attirer 260 enquêteurs supplémentaires, de remplacer l'ancien parc des véhicules et d’acquérir du matériel d’enquête (numérique) moderne et adapté.
C’est une situation gagnant-gagnant. Les investissements dans les enquêtes criminelles et financières rapportent, tant en termes d’amélioration de la sécurité et de la stabilité que par la récupération de biens obtenus illégalement, et ce non seulement dans l’intérêt de l’État, mais également dans celui du citoyen.
Le ministère public et la police judiciaire fédérale remercient le parlement pour son écoute, son engagement et son soutien. Il reste maintenant à espérer que le gouvernement prenne également à cœur le message, pas à l’avenir, mais dès à présent.